You have to learn the rules of the game. And then you have to play better than anyone else.Albert Einstein

Pourquoi j’ai décidé de m’inscrire comme participant au 24H de l’innovation©, évènement créé et organisé par Jérémie Legardeur au sein de l’ESTIA.

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Je cherchais une expérience réelle pour approfondir une réflexion mené depuis le TedX de M Cedric Villani (https://www.youtube.com/watch?v=crM1Z-x-o_Q). L’idéation et le processus de naissance des idées. Je me suis imposé quelques règles.

  1.  Je ne choisirais pas le projet, pour éviter aux parties conscientes et inconscientes de ma personne de me faire tendre vers un projet dans lequel je pourrais déjà être nourri de sentiments ou de pré-jugés. Ce sera donc le sujet qui me choisira.
  2. Je limiterai mon aide dans l’exécution directes des taches aux ressources qu’un étudiant pourrait avoir.
  3. Je n’aiderai aucunement dans la mise en place de l’organisation, de la planification et de la gestion du projet.
  4. Je ne me mettrais pas personnellement en valeur.

La contrainte comme élément de création.Un dosage savant de travail dur et d’illumination inexpliquée.

— Cédric Villani

Extraire la substantifique moëlle

Vendredi 1er décembre – Le jury, les commanditaires, les sujets et les participants sont présentés, les règles également. Top départ, les élèves savent que s’ils veulent bosser sur un projet qui leur tient à cœur ou pour un commanditaire précis afin de décrocher un futur stage ou emploi, il ne faut pas trainer. Très vite les projets les plus évident, pour un élève ingénieur, sont complets. J’ai le temps de faire 3 fois le tour et a chaque fois je passe devant cette table vide avec un porteur de projet qui semblait déjà se régaler à l’idée d’avoir une équipe qui ne l’aurait pas primo-choisie. Je me présente en premier, et très maladroitement je lui explique être ravie que son projet m’ait choisi…

J’assiste avec plaisir aux mines dépités des élèves qui n’ont plus le choix que de s’assoir à la table ou d’abandonner l’expérience avant même qu’elle ne commence. Hervé, le porteur de projet, présente l’entreprise, le projet et lui. Il a fait les Beaux Arts de Rouen, ville ou j’ai grandi et ou j’ai été diplomé de l’ESIGELEC (école d’ingénieur). Notre porteur de projet a eu un enseignement de l’art, de la création. Il a connu l’horreur du vide d’un début de projet, il a du trouver dans son être les leviers pour faire jaillir sa créativité primaire. Et il faut bien le dire, je crois qu’il jubile à nous voir. Viens les premiers échanges, les premières idées sont lancées. Vous noterez qu’a aucun moment nous n’avons commencé quelconque réflexion sur l’organisation, la méthodologie, la planification. On commence, au travers de nos interactions avec une non-organisation horizontale. Les idées sont proposées, débattues, enterrées. Hervé ne nous dresse pas d’état de l’art et nous invite à laisser libre court à notre créativité. C’est très marrant sur une thématique lié à la mobilité, Hervé laisse ses 7 étalons conduire son projet sans attelage, mais avec une direction, un objectif et quelques contraintes. Cette 1ère phase est relativement longue par rapport à la durée totale du projet. En écho avec l’introduction faites par un des membres du jury sur une modélisation cycle en V et le temps consacré à chaque partie de projet. Au regard des autres groupes qui semblaient déjà être partie loin dans le choix de solution, nous, nous étions encore dans la compréhension de l’intitulé du projet.

Hervé semblait sentir le piétinement, la difficulté pour nous, à visualiser à la fois sa demande et l’ensemble des métiers réunis au sein de la société. Il nous propose de nous faire découvrir leur atelier de confection… Là je dois dire que, Hervé, en bon coach de son équipe, a trouvé la manière de produire l’électrochoc nécessaire à la sur-activation de notre créativité. J’ai souvent pu observer ces initiatives dans le sport, rarement dans le monde du travail. Il s’agit soit de briser le momentum d’un adversaire, soit provoquer une réaction du groupe que l’on dirige en menant une action de rupture. Nous avons quitté un environnement bruyant et sombre, pour pénétrer dans un atelier d’exception baigné d’une lumière intense. Nous sommes dans une entreprise mêlant haute couture et haute performance dans un produit si tangible qu’il permet au cheval et à son cavalier de communiquer afin de performer sur un concours d’obstacle aux jeux Olympiques mais aussi dans un métier de dresseur. Sur ces postes de travail ou se côtoient des MOF (Meilleurs Ouvriers de France) on découvre leurs outils, leurs process et leurs gestuelles. Des siècles de tradition de l’artisanat français poussée vers l’excellence.

There are no rules of architecture for a castle in the clouds.

— Gilbert K. Chesterton

La nuit tous les chats sont gris

Nous retournons sur les lieux de l’évènement, deux idées vont s’opposer en ce début de soirée. L’une simple de mise en œuvre.  Une autre où l’on peut sentir toute la testostérone d’ingénieurs voulant se faire plaisir et éclabousser la futur audience de leur superbe. On peut voir les étincelles dans les yeux de notre commanditaire. Après quelques moments de rêve, la dernière contrainte tombe, Hervé, tient à ce que le lundi suivant l’idée puisse  être matérialisé dans les ateliers. Vous l’imaginez, nous avons choisi la solution simple de mise en œuvre. A ce moment, tout le monde a reporté sa capacité de réflexion, personne n’a abandonné par frustration que son idée n’eu pas été retenue. Et à force de discussions, d’argumentations de chacun, nous avons abouti à une modélisation papier satisfaisante. En terme de temps nous avions consommé plus de 50% des ressources pour mener à bien le projet. Nous avions fait le plus facile pour un ingénieur, imaginer une solution répondant à une attente du client. Nous devions maintenant tenter de lui vendre. C’est en cela que réside toute la difficulté, il ne s’agit pas de faire preuve de technicité, il s’agit de faire rêver.
L’idée accouchée, il fallait la mettre en forme, rédiger un dossier et préparer le pitch… nous commencions à réellement entamer la nuit. Des rôles se sont plus ou moins dégagés pour la rédaction du dossier et la conception de la maquette sous « Catia ». Je n’avais pas la moindre connaissance de ce soft, mais dans la découverte du lieu, j’ai noué contact avec des personnes présentes sur le site pour mettre à disposition leur imprimantes 3D. Je suis allé demander gentiment de l’aide, que l’on m’a tout aussi gentiment donné. Mais malheureusement, le constat est sans appel, le groupe ne possède pas de ressources suffisantes pour produire l’effet « wahou » d’une animation 3D. Nous avons perdu énormément de temps et d’énergie sur cette partie. Ne présumez pas de vos forces si vous n’avez pas une maitrise parfaite, et si tel est le cas, n’oubliez pas la contrainte de temps et l’épuisement des ressources vitales (thème abordé lors de l’introduction d’un des membres du jury).
On rebondi et on décide de produire une maquette à l’échelle réelle, une personne se charge de cette partie, les autres travaillent sur la documentation. Moi je décide d’explorer internet et ses informations, je visite le site du commanditaire et de ses deux principaux concurrents. Je trouve également des thèses s’approchant de près ou de loin de notre problématique. Je cherche du champ lexical se rapportant au domaine de travail. J’essaye de les inviter à préparer le pitch, mais je sens que je les saoule. Leur bienveillance vis à vis de notre différence d’âge se transforme pour certain en un manque de respect flagrant. Je le vis comme tel tout du moins, il ne s’agissait peut-être simplement que de fatigue. Je suis frustré, nous nous sommes arrêté à la naissance de l’idée, on a vidé l’eau du bain avec le bébé… J’écoute, je questionne, j’interpelle les membres du groupe et je sens poindre une individualisation, une volonté de s’attribuer la paternité de l’idée chez certains, un achèvement pour d’autres. J’expérimente avec prudence la jeunesse d’aujourd’hui, il n’y a pas si longtemps on me considérait encore « jeune » et relativement à d’autres je le reste. Je pars filer un coup de main sur la fabrication de la maquette taille réelle. Le document piétine, la préparation du pitch… au point mort, il est bientôt 5 heures du matin, je décide d’aller dormir 2 h chez moi, me ressourcer auprès de mes proches. Surprise, moi qui pensait me glisser discrètement sous la couette et m’en échapper tranquillement 2 heures après… ma fille squatte ma place. J’essaye de m’endormir vite, mais je me prends des mains dans la figure, des coups de pieds… ça bouge à 5 ans… et moi je pense au pitch. Je pense à la simplicité, dans notre aventure cela ne résonne pas du tout avec facile, simplet ou bête. Non bien au contraire nous sommes dans l’extrême complexité de rendre la conceptualisation de notre idée simple à intégrer dans le process de fabrication. En echo au président du Jury, qui nous a parlé de complexité, il faut prendre du recul par rapport à ce qu’il pourrait semblait être complexe ou simple d’apparence et c’est ce qu’il nous invitait également à faire dans le choix des idées que l’on serait mené à développer pour répondre à l’intitulé du projet. Je me dis qu’il faut qu’on développe de l’empathie avec le jury et rebondir dans notre pitch sur des points qu’ils auraient eu évoqué pendant leur présentation. Nous pourrions aussi interpeller André Garreta en lui confirmant qu’on avait tout explosé comme il nous avait invité à le faire. Je m’assoupi quelques instants.

L’invincibilité se trouve dans la défense, la possibilité de victoire dans l’attaque.

-L'Art de la guerre de Sun Tzu

Enjoy the morning.

Samedi 2 décembre – 7h00. Je retrouve ma table de projet, Hervé est là, nous lui présentons la maquette, le power point n’est toujours pas finie, certains sont restés sur place et ont tenté de dormir. Le réveil est difficile, il faut pourtant nous activer, Hervé nous prête quelques accessoires pour la mise en scène, une partie du groupe retourne à l’atelier pour les récupérer, sur place j’encourage, je presse, j’implore le plus ou moins désigné volontaire à bosser le pitch… c’est compliqué, vraiment je m’épuise. Je sens vraiment quelque chose entre l’achèvement et le découragement du dernier coup de collier. C’est quelque chose que l’on rencontre partout dans la vie, personnelle ou professionnelle. Combien de projet sont aboutie (échec ou pas) à 100%, combien de phases de test ne sont pas mené à bien car à 90% ont a tout validé et que le produit doit impérativement partir en production. Bref dans la douleur on dépose un dossier qui aura le mérite d’être simple mais suffisamment réfléchi, surprenant d’ailleurs, sans précipitation et en utilisant l’intégralité du temps qu’il restait.
Il devrait permettre pendant le pitch d’illustrer parfaitement le propos. Il est temps de travailler l’oral, je sens bien que l’orateur désigné volontaire ne fait pas l’unanimité. J’attends de voir si le groupe va réagir dans l’horizontalité qu’il avait fait preuve jusqu’à maintenant. Il semble que l’exercice de prise de parole ne soit pas aussi simple qu’il y parait. Je propose qu’on fasse passer des auditions, on pourrait ainsi déterminer le ou les orateurs et construire un pitch cohérent, mais l’idée de construire une rythmique a failli les faire pleurer de rire… se mettre en scène semblait être le dernier des ridicules. Pourtant ils ne sont pas avare de reprendre des répliques de films, de sketchs d’humoriste allant même à se « mettre en scène » dans leur imitation. Pourquoi étaient-ils drôle quand ils le faisaient? Parce que l’écriture des textes, les gestuelles ont été travaillé des dizaines de fois par des professionnels pour que ce la aboutisse à quelque chose de drôle.
Vous l’avez senti il y a vraiment eu une rupture entre eux et moi. C’est un de mes échecs de l’aventure, n’avoir pas réussi à conserver le lien. Je re-propose aux autres membres du groupe réveillés/éveillés de préparer l’oral et que l’on ferait des auditions. En effet nous avons du temps nous passerons dans les derniers.
Le reste du groupe semble moribond à l’idée de préparer un pitch alors que l’un des membres est en train de s’entrainer devant eux, ils ne sont pas prêt au cannibalisme. Pourtant pas besoin d’être dans leur cerveau pour voir ce qu’ils pensent de l’orateur désigné. Certains m’avaient parlé du fait qu’ils étaient des compétiteurs, je ne les voient plus, l’échéance approche de plus en plus, j’espère que le groupe va réagir. Nous avons a priori satisfait le commanditaire avec notre solution, mais il y a un jury a convaincre qu’on est le meilleur projet, tout du moins leur donner l’idée qu’on pourrait et mériterait de l’être.
Un des membres du groupe ayant balayé une de mes remarques en disant que ce n’est que du lexique, mais comme si cela n’était pas important… je me suis vraiment mordu fort la langue à ce moment. En 3 minutes, le nombre de mot est limité, la richesse de notre langue nous permet d’utiliser des mots magiques qui peuvent résonner dans votre oratoire, les inviter à rêver avec vous. En 3 minutes le lexique fait toute la différence, il y a d’autres points comme la conviction, la respiration, les temps de pause, mais l’exploration des champs lexicaux est la clé de voute. Notre orateur désigné, est écouté par des coachs qui passaient sur les différents projets pour apporter leur expertise. Même remarque, c’est plat, c’est lourd voire indigeste. L’élève ingénieur a du mal à encaisser, il part surfer. Choses excellente, il va pouvoir se vider l’esprit et revenir plein d’énergie.
Le temps avant notre passage s’égraine, je demande si certains ont préparé des trucs pour que l’on fasse passer des auditions et là, par peur de se mettre en scène, la timidité et le manque de confiance ont pris le dessus. Notre orateur surfeur revient deux heures plus tard, je  lui demande s’il est prêt à faire des essais pour se caler dans les trois minutes. Il est très étonné, comme le coach avait dit que c’était pas bon il pensait qu’il allait pas faire le pitch et donc… je le presse à se mettre en position pour faire des essais, c’est toujours aussi …technique. Je commence à sérieusement m’impatienter, je doute que le groupe puisse réagir et je leur fait savoir.
Il reste 15-20 minutes, un membre lance la révolte, un : « c’est nul ce qu’on fait » fuse, aussi fou que cela puisse paraître on réorganise le pitch, on passe de 2 à 3 intervenants, la partie un peu lourde et rigide se retrouve allégée et coincée entre 2 périodes plus « poétiques ». On répète 2.5 fois et Go, la cloche sonne c’est le départ de la course.

Free your mind.

Fin de la compétition, on fait une relativement bonne présentation en comparaison aux précédentes, mais clairement nous n’avons pas été offensif. Personne ne l’a vraiment été, je n’ai vu personne chercher l’empathie particulière d’un membre du jury, personne n’a brisé la ligne imaginaire pour les toucher, leur serrer la main, leur donner une maquette directement pour qu’il puisse se rendre compte par d’autres sens. Le contact humain et le développement de l’empathie sont deux vecteurs très puissant dans la vente d’un produit. Nous terminons dans le Quinté de la course à l’innovation de l’hippodrome de la halle d’Iraty. Je suis vraiment très fier et très content d’avoir participé avec ces membres de ce groupe de projet. Tout n’a pas été évident, mais il faut savoir pourquoi est-ce que l’on vient participer à ce genre d’évènement. Pour ma part je suis vraiment subjuguer par la puissance collective de réflexion et d’émergence d’idée. La partie idéation a été la plus sympathique, la partie préparation du pitch me force à un remise en question pour savoir trouver et faire émerger un N-Gapeth en 24h. En plus j’ai pu mené des observations sociologiques et comportementales sur les futurs ingénieurs. Je pense vraiment que si je peux, je reviendrais l’année prochaine, peut-être en tant que porteur de projet  ou en participant …

Merci à Jérémie Legardeur et son équipe d’organisation, l’ESTIA et tous leurs partenaires pour permettrent à ce genre d’évènement d’exister. Merci aux membres du Jury pour la place que vous avez su accorder à notre projet, merci à Voltaire Design et tout particulièrement Hervé qui nous a permis de porter leur projet, merci à eux de nous avoir ouvert les portes de ce joyaux de l’artisanat français. Merci aux membres de l’équipe pour être les personne qu’elles sont et qui ont permis d’arriver à ce résultat. Tout le monde a contribué de manière pleine et entière à l’émergence d’une potentielle innovation majeure dans le monde de l’équitation ainsi qu’a l’écriture involontaire de cet article. J’aimerai maintenant avoir une machine à remonter le temps pour me rendre au début du 19ème siècle et leur donner l’idée, juste pour voir si l’essor de l’industrialisation aurait pu connaître une autre courbe et si une 2 chevaux auraient été capable de rouler plus vite. Comprennes qui voudra. L’histoire retiendrai alors que 7 personnes qui ne connaissaient rien au monde équestre, auraient révolutionner une partie de la vie humaine. Les grandes inventions sont aussi simples et évidentes que celle que l’ont semble avoir dessiné.

La simplcité est la sophistication suprême.

-Léonard de Vinci